Maroc 2024, au jour, la nuit
Lorsque Olivier a lancé l’idée : « et si on retournait au Maroc ? » j’ai hésité au moins une demie femtoseconde
« même dans le Sarho il y a le goudron »
ça, par contre, ce n’était pas forcément une bonne nouvelle
j’imaginais la cohorte des camping-cars partir d’Essaouira et envahir l’Atlas
adieu la sauvagerie, vive la civilisation, quelle horreur
comme quoi avoir de l’imagination peux déformer la réalité
départ vendredi, je roule jusqu’à Burgos
Samedi, jusqu’à Algesiras où je m’informe sur la carte d’embarquement
dimanche, je rejoins JC et Lucas au camping « Los Azuleros » près d’Algesiras
il faudra qu’à 4 h on récupère nos rallonges
ils ont dû se faire tirer les disjoncteurs depuis ils ferment les armoires électriques
Lundi 8/4
ferry à 7h ! comme il faut y être deux heures avant ça fair 4h départ du camping avec la route et la marge
tout se passera bien, les barrières et les armoires du camping
au port les éternels rabatteurs nous dévient vers un parqing pour nous soutirer de l’argent moyennant quelques services fictifs
enfin, après une fouille minutieuse, chien et détection radio comprise...on quitte l’Europe
voyage sans histoire vision de l’Afrique au petit matin
sortis du ferry, on fait route vers Azrou, camping Amazig où l’on retrouve la fine équipe
Mardi 9/4, direction chez Bassou à Imilchil
super accueil
2169 m avec le soleil ; quelle route hier !! « y’a l’goudron » qu’ils disent ! Faut voir
je préfère une bonne piste que ces plaques de goudron toutes trouées
c’est sans doute l’eau des fontes de neige qui a emporté des gros morceaux de route : il faut passer à gué à plusieurs reprises
Mardi soir, avec Olivier et Pierre, nous partons faire des photos au lac d’Imilchil
juste le trépied et le smartphone pour moi
10 secondes au Xiaomi
le télescope est trop engoncé sous le lit et la fatigue…..
Mercredi 10/4
un petit détour
nous visitons la grotte de Akhiam-Imssakh-Rabbi à Bou Azmou
superbe, notre jeune guide la connaît par cœur
nous roulons sur la piste et soulevons la poussière
M’Semrir
on y arrive, fatigués par une journée de route/piste...me souviens plus….la fatigue gomme le passé tout frais
Hamid nous reçoit avec un beau plateau de thé et de fruits
les oranges de l’Atlas sont délicieuses, invendables chez nous car pas calibrées ni traitées
on est fatigués mais on monte quand même les dobs sur la terrasse de la vallée des nomades
les lampadaires s’éteignent à minuit
je m’éteindrai avant
réveil à sonner à deux heures
pas besoin, à 1h30 mon cerveau sonne : « Oméga du Centaure...dring !! Oméga du Centaure...dring !! «
je monte sur la terrasse ; je suis seul
M'semrir, commune rurale de la haute vallée du Dadès dans le Sud du Maroc, latitude 31°
Le Scorpion est haut, on lui voit le ventre
le Loup est au même niveau
le Centaure à ras du sol
j’essaie de le pointer : mauvaise position du dob par rapport au muret de la terrasse
il faudrait que je remette les roues et que je bouge le dob….flemme….et puis, d’ici que je déplace le setup, l’amas sera sous l’horizon….demain sera un autre jour
je met le smartphone sur le trépied et mitraille
les lumières de la rue sont presque toutes éteintes, celles des éoliennes non
déjà avec les lampadaires allumés on voyait beaucoup d’étoiles mais là… !!!!
vers 3 h je retourne au lit
je croise JC qui vient observer dans son 450 Obsession
jeudi 11/4 M’semrir
un peu de technique
nettoyage base dobson qui accroche un peu
l’Obsession 450 de JC et mon 400 sur la terrasse
on va prendre le thé avec force gâteaux « maison » avec la famille d’Hamid
la Lune devient plus grosse
Vendredi
2h, lever, habillage rapide
la Voie Lactée est magnifique
recherche du Centaure, je n’ai pas encore ces constellations invisibles de « chez nous » en tête
photo rapide au smartphone, astrométrie : et merde ! Oméga est sous l’horizon !!
on est un peu perdus car avec la fin du ramadan, l’heure a changé et le ciel s’en fout !
Il aurait fallu taper 1 h avant lorsque l’amas est vers 200° à l’ azimut!
Tant pis pour lui
le Scorpion est encore très haut et la vue de M 4, amas « barré » est superbe
on pense à tort que les amas globulaires se ressemblent tous, mais non
bien que très proche du zénith, je pointe M13, le dob n’aime pas du tout ces positions et les deux mètres de focale me font tenir sur la pointe des pieds au sommet du petit tabouret
M51 est à bonne hauteur mais un peu décevante, il doit rester beaucoup de sable Africain dans les hautes couches de l’atmosphère, cela affecte la vision des objets diffus
je retourne vers le Scorpion et le Sagittaire, en bas il y a plein d’objets que je ne connais pas
jusqu’à ce que...3h30 les lampadaires au Sud-Est s’allument !
Pourquoi ? Un chat est passé sous le capteur et y joue?le timer est mal réglé ??
c’est joli mais...bon
j’insiste jusqu’à 4h et patatras ! La vieille table de camping s’écroule avec fracas sur la terrasse !
J’espère qu’il n’y a pas de chambre dessous
mon imagination classe le fracas à mag -10, il faut toujours que j’exagère
heureusement la mallette à oculaires était fermée, il n’y a pas de dégâts
l’incident a éteint l’envie d’aller plus loin
je vais au lit...demain….je veux dire aujourd’hui...sera un autre jour
vendredi 12/04 matin on part
en route ou plutôt en piste !
on mange à Boumalne Dadès
il fait très beau et, après avoir quitté les sommets, il y fait plus chaud
images connues mais si belles
la Tortue où le Dadès à contourné une zone trop dure
les « Doigts de singes » et ces routes bordées d’à-pics vertigineux
les gorges du Dadès sont de plus en plus touristiques à mesure que l’on s’approche de Boumalne
c’est la joyeuse cohue Marocaine
la réguler serait impossible mais elle s’ auto-régule et si les piétons et voitures traversent dans tous les sens sans presque regarder, la faible vitesse et l’instinct de survie font le reste
repas du midi à Boumalne ; simplement bon
salade tomates tradi + brochettes poulet et frittes
on est pas bien là ?!
après-midi, en route pour le Tizi Ntzazert
Pierre et Olivier ont leur chambre, je dors dans le camion
c’est toujours aussi rustique mais toujours aussi beau
le goudron mais surtout sa gentillesse et celle de sa famille lui ont apporté des clients
couscous pour le repas du soir
j’installe le dob le plus correctement possible dans le but de voir enfin Oméga
bon, c’est de la rocaille mais ça ira
on se régale avec le couscous, on serait deux de plus qu’il en resterait
au crépuscule, observation rapide de la Lune et Jupiter avec deux femmes Marocaines et un couple d’Espagnols
dodo jusqu’à 1h30 pour l’observation d’Oméga
ça y est, grace à mon petit dessin, j’arrive à comprendre la constellation du Centaure et pointe Oméga direct
pensées à JLD37 avec qui je l’ai vu pour la première fois
les vents de sables en altitude affadissent un peu le spectacle mais c’est quand même somptueux dans l’ES 30
photos du dobson en pleine action
M4 est lui aussi très laiteux avec sa barre typique
quelques images de Voie Lactée au smartphone
poses 30 s au Xiaomi
Samedi 13/4
finalement, on est bien dans cet « air de repos », seul quelqu’un qui n’a rien compris pourrait y voir une faute d’orthographe, on décide d’y rester un jour ou deux de plus
on fait une marche près du Tizi Ntzazert
on se trompe de chemin, pas grave, il y en a plein qui mènent tous quelques part
on a beau être au bout du monde, dans un lieu magnifique, on trouve ici et là des traces du génie humain
le sol en est jonché
visite des grands piliers de Bab N’Ali
ils paraissent si proches mais…au bout d’une heure de marche, on est toujours pas à leurs bases
tajine de légumes pour le soir
la nuit commence comme la veille, avec, pour mise en bouche, un coup d’oeil sur la Lune et Jupiter
visite de femmes et de Youssef
dodo, réveil réglé sur 1h
le Scorpion est dressé, position d’attaque !
Le brouillard de sable du soir qui nous faisait craindre le pire s’est reposé
pas de vent, il fait frais mais pas froid
avec l’hygrométrie proche de zéro ça devrait le faire
dimanche 14/4
on reste ici un jour de plus, on y est bien, pourquoi aller ailleurs ?
Les trekkeurs vont nous y rejoindre cet après-midi
avec les ressources du camion on improvise : spaghettis tomate/basilic
ballade très improvisée aussi et….sieste !
Les montagnards arrivent fourbus mais contents, enthousiastes sur ces jours vécus avec les Nomades
JC monte son 450 dans un endroit à peu près plat
la Lune doit se coucher vers 1h
avec ces multiples changements d’heure on ne sait plus
un couple d’Allemands et nos hôtes viennent voir la Lune dans le soir couchant
un tajine légumes nous régale
demain on quittera le djebel Saghro, la Lune sera trop grosse, il faut en profiter une dernière fois
le laser est réparé et sert à montrer M42 aux Allemands et M3 à JC qui a un trou de mémoire
quelques Voies Lactées et amusements avec la lumière de la frontale
Lundi 15/4
Youssef s’est montré aussi accueillant que son père : à recommander chaudement !
nous allons manger à Boumalne, grande ville bordée par le Dadès , toujours du monde partout, une gentille anarchie
on mange à Boumalne chez le même restaurateur qu’à l’aller
la boite à sous est à côté et il y a quelques places pour se garer
l’après-midi, nous roulons dans la vallée des roses et trouvons un hôtel où JC négocie un moitié prix de boukingue
la marge qu’ils doivent prendre !
La douche après trois jours de poussière et de nettoyages sommaires aux lingettes est un ravissement
depuis l’hôtel on surplombe l'oued Assif n Im' Goun qui traverse le village de Bou Tharar
nous prenons le thé à l’ombre d’une magnifique vigne vierge
partout sur le sol des boutons de roses séchés
il fait bon se reposer
promenade jusqu’à la coopérative où sont vendus toutes ces rosetés
Mardi 16/4
les journées commencent à passer vite
le dobson reste maintenant dans le camion à cause de la Lune
ballade dans la vallée des roses puis on attaque la montagne vers Tabant! Deux cols à 3000 et un autre presque aussi haut !
Parfois il faut attendre qu’une pelle dégage le chemin
à droite c’est le précipice
La piste est assez bonne mais parfois le camion a du mal à passer et il faut une séance « poussette » sur le dernier
on arrive enfin chez un ami d’Hamid...qui n’est pas ami d’Hamid au Maroc??
un guide de haute montagne comme lui
« à la fibule Berbère » ?? je vous laisse consulter gougueule
repas pantagruélique
Camille se joint à nous. Qui est-ce ? Un jeune gars qui voyage en vélo
il voudrait se joindre à un groupe et veux monter sur le M’Goun
pendant qu’il négocie le guide et le mulet on se repose devant le thé de bienvenue
seulement 80 km de route/piste mais on en a bouffé de la poussière !
Mercredi 17/4 matin
nous visitons les gravures rupestres du Jbel Rat à Tizi N’Tirghist dans la vallée d'Aït Bou Oulli
sur les plaques de grès rose du Haut Atlas des bergers ont gravé des scènes de batailles et de chasses
on improvise sur place un repas « camion »
diverses conserves et mes fameux harengs qui sont une découverte pour beaucoup...à la fin il me restera l’huile ! Ils aiment ça:)
nous retraversons la « vallée heureuse » pour remonter plus loin dans le temps
direction Ibakliwine, les empreintes de dinosaures
Les empreintes datent d'environ 185 millions d'années (Jurassique inférieur) et sont de deux types
carnivores bipèdes, à trois doigts (tridactyles)
hérbivores, quadrupèdes, à empreintes ovales
de retour à Tabant Camille est parti sur les hauteurs du M’Goum
un dernier tajine qui finit de rissoler sur la table
jeudi 18/4 retour vers Tanger
camping pourri à Asilha
bon, il ne faut rien exagérer : le camping ça va mais l’environnement ça craint
entre la fête foraine et sa techno des années 2000 et le bruit incessant des voitures et camions…
vendredi 19/4 départ à 4h d’Asilha, destination Tanger
on y arrive très en avance : heureusement
les dirhams restants servent à faire le plein
on évite les rabatteurs qui essaient de nous revendre le voyage que l’on a déjà acheté
tracasseries à la douane, deux heures de retard, grève du zèle ? Normalité ?
je comptais faire 3 ou 400 km après le ferry
j’en ferai 150
samedi 20/4
route interminable vers maison
FIN
écrire pour retrouver la mémoire
stylo <==> amnésie 1/0
tant que le combat est positif : tout baigne ; les exifs des images aussi avec leurs lieux et dates
les lambeaux se recousent entre-eux pour re tramer le tissus du temps
on peut trouver ce récit elliptique, mais il parle de la montagne qui, malgré ses millions d’années, n’a pas de temps à perdre et va à l’essentiel
un très gros « merkiiiiii !! » à Olivier qui une fois de plus nous a guidé dans « son » Atlas qu’il aime tant
les potos JC et Pierre et un particulier pour Lucas qui nous as amené sa jeunesse et sa sérénité
supporter 4 vieux sans montrer le moindre énervement : chapeau !
3600 km avec le trafic, le reste avec Olivier